C’est David Moffett, l’un des créateurs de la Sanzar qui a lancé le pavé. Il estime que le Tri-Nations ne devrait plus intégrer l’équipe d’Afrique du Sud. C’est en Australie que cette histoire a débuté. En effet, le staff et les joueurs du XV australien a très peu apprécié le fait que l’entraîneur du XV sud-africain sélectionne une équipe de réservistes pour aller affronter les Wallabies sur leurs terres.

Et Moffett, ancien dirigeant du rugby de l’hémisphère Sud ne s’est pas privé pour dire ce qu’il pensait de la situation. Il estime purement et simplement qu’il faut retirer l’Afrique du Sud du contrat télévisé liant les équipes des Tri Nations. Selon lui: «Il est impératif pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande de se défaire de l’équipe d’Afrique du Sud. Les joueurs se tuent dans les nombreux voyages.» Moffett ajoute même que ajoute même qu’il serait de bon ton de revenir à 10 équipes dans le Super 14!

Cette question des déplacements au-dessus de la mer de Tasmanie est au cœur du problème. Dans la foulée de cette déclaration de Moffett au Herald Tribune, c’est Bobby Skinstad, le capitaine des Boks, qui a donné son avis à la BBC. Et il rejoint l’idée que l’Afrique du Sud n’a plus rien à gagner à participer au Tri-Nations. Et il va même plus loin, puisqu’il pense que son pays devrait participer aux tournois de l’hémisphère Nord! « Je pense vraiment que nous avons été désavantagés ces dix dernières années. Nous voyageons beaucoup. Collaborer avec l’hémisphère nord nous permettrait de ne plus subir de décalage horaire et serait meilleur pour nous.»

Pour illustrer l’idée de celui qui sera le capitaine de sa sélection samedi en Australie, il faut savoir que le décalage horaire est de 10 heures entre l’Afrique du Sud et l’Australie, alors qu’il n’est que de 1h avec la France. Ajouté aux longues heures de voyage, on comprend que les joueurs soient lessivés avant même d’entrer sur le terrain. «Je crois que les Australiens et les Néo-Zélandais comprennent maintenant combien il a été difficile de faire ces voyages ces dix dernières années, affirme Skinstad. Nous avons une chance aujourd’hui de nous faire entendre.»

Ce problème en amène cependant un autre, celui de la question argentine. Cela fait plusieurs années que les Argentins frappent à la porte des grands tournois internationaux. Après avoir étudié la question 6 Nations, ils se sont tournés vers le Tri-Nations, qui leur a répondu que leur intégration n’aurait lieu dans le meilleur des cas qu’en 2011. Mais quand l’un des hommes les plus influents du rugby mondial parle d’exclure l’Afrique du Sud, ce n’est pas pour inclure l’Argentine, pour qui les contraintes de décalage horaire et de voyages seraient les mêmes. Les Pumas ont dû apprécier le message…

George Gregan propose lui une autre alternative: « Je ne peux pas parler à la place de l’Afrique du Sud mais dans un partenariat… Si une des parties n’est pas satisfaite, il faut le casser et trouver un nouveau moyen d’avancer. Et il y a toujours eu des relations très fortes entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Si cela devait arriver, cela pourrait donner des opportunités aux îles du Pacifique ou à d’autres équipes comme l’Argentine…» Les Iles du Pacifique, voilà qui paraît tout de même bien peu probable tant l’équipe néo-zélandaise est composée de fidjiens ou samoans d’origine. On la voit mal donner aux fédérations des îles la possibilité financière de garder les joueurs qu’elle convoite…

Bref, le forum du rugby mondial qui se tiendra au lendemain de la Coupe du monde s’annonce d’ores et déjà très animé. Le Tournoi européen peut-il accepter les Boks après avoir gentiment refusé les Pumas? Le Tri-Nation acceptera-t-il les mêmes problèmes avec ces mêmes Pumas? Et oseront-ils donner aux Iles du Pacifique l’occasion de restreindre un écart dont ils profitent? Ca va swinguer à la rentrée!