300. C’est, selon Nick Mallett, le nombre minimum de joueurs sud-africains qui évolueront en Europe l’an prochain. Symbole de cette diaspora: 14 des 15 titulaires des Bulls de Pretoria, vainqueurs du Super 14, ne défendront pas leur titre la saison prochaine.

L’ensemble du Top 14, du championnat anglais et même de la Pro D2 ont les yeux tournés vers l’Afrique du Sud. Et les arrivées sont nombreuses. Parmi les joueurs ayant déjà signé leur contrat, plusieurs internationaux actuels vont arriver en France: l’arrière Percy Montgomery (33 ans) passe ainsi des Sharks à Perpignan, tout comme Gerrie Britz (deuxième-ligne des Stormers) et Philip Burger, l’ailier des Cheetahs meilleur marqueur de la dernière Currie Cup. L’USAP tient là des renforts de poids! Toulon s’est lui aussi assuré l’arrivée d’un renfort de poids, celle de Victor Matfield, le deuxième-ligne des Bulls, qui jouera au RCT à partir du 1er janvier.

D’autres dossiers sont quasiment bouclés. C’est notamment le cas de celui de John Smit, le talonneur des Sharks, qui devrait rejoindre Clermont, tout comme Marius Joubert, trois-quart centre des Cheetahs. Autres arrivées à parfaire, celle du deuxième-ligne Danie Rossouw, des Bulls vers Toulon, de Shalk Burger, troisième-ligne des Stormers, vers l’USAP, et de Jaque Fourie, le jeune (24 ans) trois-quart centre qui devrait quitter les Cats pour Brive. Enfin, Perpignan et Biarritz s’arrachent les faveurs de Bobby Skinstad, le troisième-ligne de 31 ans des Sharks. Et tout ça, rien que pour les joueurs qui disputeront à coup sûr la prochaine Coupe du Monde!

Mais les autres joueurs ne sont pas en reste. Les clubs français non plus d’ailleurs. Bayonne cherche à faire revenir Breyton Paulse en France, mais aucun acord avec l’ancien ailier de Clermont n’a encore été trouvé. De son coté, Montpellier a enregistré une signature, celle de Bernard Roland, troisième-ligne des Lions, avant l’arrivée annoncée de deux autres Sudistes. Mais ce n’est pas fini. Toulouse, Clermont, Biarritz et d’autres continuent de sillonner les pays des Springboks à la recherche du renfort idéal.

Pourquoi ces arrivées soudaines? A cause de l’argent bien sûr! Comme pour les Néo-Zélandais, l’attrait financier est un facteur important pour les Sud-Africains. Et les clubs s’y retrouvent facilement. Ainsi, ces derniers peuvent acquérir une star du Super 14 pour le prix d’un joueur français même pas international. De plus, les salaires demandés par les Sud-Africains sont nettement inférieurs à ceux des Australiens et Néo-Zélandais. Alors que ces derniers réclament en moyenne un salaire mensuel de 12 000 €, un Sud-Africain (à quelques exceptions près, comme Matfield ou Skinstad) négocie le sien autour de 3 000 €, ce qui est déjà supérieur celui qu’ils reçoivent dans les franchises sud-africaines du super 14.

Mais l’aspect financier n’est pas le seul à entrer en compte. La situation du Xv Springbok est lui en cause. L’entraîneur des Boks, Jack White (pas le chanteur hein, un autre), devrait quitter son poste à la fin du mondial. Et son remplaçant annoncé, Peter de Villiers (pas le pilier hein, un autre), le premier sélectionneur noir des Boks, imposerait un quota de joueurs de couleur dans l’effectif de la sélection. Cette décision, si elle paraît risquée à certains postes, mettra surtout fin aux ambitions internationales de bien des internationaux actuels. Certains l’ont bien compris et viennent donc en Europe offrir leurs talents aux plus offrants. D’autres en revanche, n’ont plutôt pas intérêt à s’éloigner du regard des sélectionneurs. C’est le cas d’Ashwin Willemse, ailier des Cats, qui est en contacts avec Biarritz mais n’a pas encore donné sa décision, ou du talonneur des Bulls Gary Botha, dont la carrière international pourrait prendre un bel envol avec le départ à Clermont de Smit et l’arrivée de De Villiers à la tête de la sélection. La superstar Bryan Habana devrait lui aussi rester fidèle au pays et aux Bulls de Pretoria.