C’était leur année. Leader du Top 14 de la première à la dernière journée, solide en demi-finale face à Biarritz, le Stade Français a ravi le Bouclier de Brennus à Clermont dans les toutes dernières minutes de la finale. Cette saison aura été parisienne du premier au dernier match.
Car c’est grâce à un essai dans les dernières minutes du match que le Stade Français s’est adjugé son 13e Bouclier de Brennus. Les Clermontois, qui ont dominé tout le match, rentrent finalement avec une huitième défaite en finale, et n’ont donc toujours pas réussi dans leur histoire à ramener ce Bouclier en Auvergne.
Menés au score jusqu’à la 69e minute, les joueurs de Fabien Galthié ont su renverser la situation en inscrivant deux essais. Le premier par ce filou d’Agustin Pichot, le deuxième par le deuxième ligne aux rouflaquettes Radike Samo.
Pourtant, le Stade français avait été jusque-là dominé par une équipe de Clermont pleine de réalisme et de maîtrise. Les Auvergnats avaient toutes les cartes en main pour remporter la première finale de l’histoire du club. Dominateurs en mêlées et profitant des défaillances parisiennes en touche, ils comptaient jusqu’à douze points d’avance en début de deuxième période.
Même s’ils n’avaient eu qu’une seule véritable occasion d’essai après une percée de Tony Marsh plein champ, l’ouvreur Brock James (un seul échec sur six tentatives) s’était chargé de convertir le travail de son équipe, aidé par son arrière Anthony Floch, auteur de son premier drop de la saison. Rien ne semblait pouvoir perturber la belle organisation mise en place par Vern Cotter. Pendant cinquante minutes, les Parisiens, mis à mal devant, refusaient de faire le jeu. Hernandez, plus en vue que lors de la demi-finale contre Biarritz, se contentait d’allumer des chandelles dans le ciel de Saint-Denis.
Cette maîtrise des Clermontois sur le match fait penser à celle des Toulousains contre eux en demi-finale. Sûrs de leur jeu, les Rouges et Noirs l’avaient finalement perdu en fin de match, avec notamment la sortie de leur capitaine Pelous. Ce fut un peu la même chose dans cette finale. Sauf que là, c’est l’entrée en jeu du capitaine parisien Auradou qui changera la donne. L’emblématique deuxième ligne (partant au Racing-Metro la saison prochaine avec Pichot) se chargeait de remettre de l’ordre dans les phases de combat et les avants stadistes commençaient à jouer en avançant. Il était alors temps de lâcher les chevaux. Les ballons filaient maintenant aux ailes où Christophe Dominici, avec une envie et des jambes de feu, semait le doute dans la défense clermontoise qui s’en sortait miraculeusement sur une cuillère de Canale à la 63e minute. Le match est changé, les Clermontois se mettent à douter et à subir, comme les Toulousains l’avaient fait face à eux en fin de demi-finale. Le match leur échappe à leur tour, le scénario final semble se répéter irrémédiablement.
L’excellent Brock James (quelle longueur de passe!) redonne bien 2 points d’avance aux siens à la 74e minute sur sa dernière pénalité, ce n’est qu’illusion. Le Brennus a choisi son camp, et quand on lui demande de choisir, ce grincheux bout de bois refuse l’Auvergne à coup sûr! Hernandez sonne la révolte parisienne et envoie Samo à l’essai en coin grâce à un magnifique renversement et une passe sautée impeccable par dessus trois coéquipiers. Le décalage est fait et le Fidjien n’a plus qu’à aller aplatir dans l’en-but. Le suspense est tué, comme les espoirs clermontois. Les Parisiens peuvent être fiers de leur parcours. Premiers du début à la fin de la saison, c’est du jamais vu!
Eh bé, ça enchante les foules ce titre! ;-)